Dans un contexte d’explosion des budgets de développement de jeu vidéo qui incite modérément studios et éditeurs à la prise de risque, la production de remakes s’intensifie ces dernières années. La pratique a pour elle ce double avantage de permettre à un éditeur de s’adosser à une marque établie dont elle détient les droits et de travailler à partir d’une ossature de jeu préexistant et apprécié. A ces justifications économiques s’ajoute le fait que l’exercice même du remake trouve un écho singulier dans le contexte d’un média interactif largement tributaire des contingences technologiques, condamné à une forme d’obsolescence, en permettant à une œuvre d’échapper aux affres du temps qui grippent peu à peu ses mécaniques. Le remake – à distinguer du remaster qui se contente de transposer quasiment tel quel un titre d’antan sur les machines actuelles – serait naturel et porterait en lui la promesse de sublimer un classique en le réinterprétant à l’aune des codes de jouabilité et de réalisation actuels.
Interview
Dans cette catégorie, Capcom s’est notoirement distingué ces cinq dernières années avec les reprises de sa saga horrifique Resident Evil, unanimement saluées par la critique comme le public (plus de 13 millions de ventes pour le remake 2019 de RE2, vite suivi par ceux de RE3 et 4). En mettant sa série à l’heure des canons photoréalistes, en adoptant un cadrage plus immersif et en étoffant ses contenus, Capcom sublimait des classiques vieux de vingt ans en bouleversant leur