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Jeu vidéo

«Immortality» met tout le monde raccord

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Vertigineux hybride entre jeu vidéo et cinéma, la nouvelle création du Britannique Sam Barlow nous fait mener une enquête méta dans un dédale d’images.
«Immortality» met en scène le film comme sujet et comme matière. (capture d'écran Half Mermaid)
publié le 31 août 2022 à 14h45

Le cinéma comme idéal. De par sa respectabilité artistique, de par sa diffusion mondiale, au-delà de toutes les barrières d’âges ou classes sociales, le cinéma fait rêver le jeu vidéo, qui voudrait toucher au même degré d’universalité. Miracle d’un médium transformé en langage commun, maîtrisé de tous, au point qu’il semble devenu le meilleur moyen de raconter une histoire, d’impliquer son récepteur sans qu’il n’y ait nul besoin de lui expliquer des règles et codes que chacun maîtrise, consciemment ou non. Une large part de l’industrie du jeu vidéo élève le cinéma au rang de modèle indépassable en en singeant la syntaxe visuelle (dont il retient surtout le champ-contrechamp), les mouvements internes (course-poursuite, batailles, etc.) et plus généralement les formes.

Immortality fait les choses de façon différente. Loin du simple geste mimétique, la nouvelle création du génial game designer britannique Sam Barlow met en scène le film comme sujet et comme matière. Son principe consiste à placer le joueur dans une salle de montage, où il a la charge de se dépatouiller des bobines éparses de trois films qui ont en commun de n’être jamais sortis en salles, et de mettre en vedette la même actrice, Marissa Marcel. Et si le film s’étale partout dans la nudité profuse du rush, le jeu fait bien plus que singer le cinéma. Il l’étir