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Lutte

Intelligence artificielle : les comédiens de jeux vidéo vont faire grève en Californie

Le syndicat SAG-AFTRA, qui représente les comédiens prêtant leurs voix et leurs mouvements aux jeux vidéo, a annoncé le début d’une grève ce vendredi 26 juillet. Ils demandent des garanties claires contre l’usage abusif de l’intelligence artificielle.
Les membres du comité de la SAG-AFTRA et les membres du conseil d'administration lors d'une conférence de presse à Los Angeles, le jeudi 25 juillet 2024. (Eugene Garcia/AP)
publié le 26 juillet 2024 à 17h46

Rebelote ? En Californie, les comédiens qui prêtent leur voix ou leurs mouvements à de nombreux jeux vidéo ont annoncé jeudi se mettre en grève dès ce vendredi 26 juillet à 00 h 01. Selon le communiqué du syndicat SAG-AFTRA – qui était à l’origine de la grève hollywoodienne historique l’année dernière – ils réclament des garde-fous en matière d’intelligence artificielle.

«Nous n’accepterons pas une convention collective qui permette aux entreprises d’abuser de l’IA au détriment de nos membres. Trop c’est trop», a dénoncé Fran Drescher, présidente du SAG-AFTRA et ex-star de la série Une Nounou d’enfer. «Lorsque ces entreprises envisageront sérieusement de proposer un accord avec lequel nos membres pourront vivre – et travailler – nous serons là, prêts à négocier.»

En effet, cette mobilisation intervient après plus d’un an et demi de négociations infructueuses entre le syndicat et plusieurs acteurs majeurs du jeu vidéo, dont Activision, Disney, Electronic Arts et Warner Bros. Games. Ces discussions devaient aboutir au renouvellement d’une convention collective, l’«Interactive Media Agreement», qui a expiré en novembre 2022. Elle concerne environ 2 600 artistes, qui ont voté à 98 % le déclenchement d’une grève en septembre dernier.

Ils s’inquiètent de l’usage possible de l’intelligence artificielle, qui permet aujourd’hui de reproduire une voix ou de créer une réplique numérique d’un cascadeur, sans son consentement ou sans rémunération équitable. «Malgré de nombreux accords sur des questions importantes pour la SAG-AFTRA, les employeurs refusent manifestement d’affirmer, dans des termes clairs et applicables, qu’ils protégeront les artistes-interprètes dépendants de cette convention dans leurs programmes d’IA», pose le communiqué du syndicat.

«Nous restons prêts à reprendre les négociations»

Ce n’est pas la première fois que la SAG-AFTRA réclame des garanties contre l’usage abusif de l’IA. Le syndicat qui représente aussi les acteurs américains en dehors des jeux vidéo a obtenu gain de cause face aux studios après une grève historique qui a largement paralysé Hollywood l’an dernier. «Il est stupéfiant que ces studios de jeux vidéo n’aient rien appris des leçons de l’année dernière», a taclé à ce sujet le négociateur en chef du syndicat, Duncan Crabtree-Ireland. Et de marteler que les comédiens de jeux vidéo «méritent et exigent les mêmes protections de base que les artistes de cinéma, de télévision, du streaming et de la musique : une compensation juste et le droit de donner leurs consentements éclairés quant à l’usage de leurs visages, leurs voix et leurs corps par de l’intelligence artificielle».

Des promesses qu’Audrey Cooling, porte-parole des producteurs de jeux vidéo, dit pourtant être prête à faire. «Nous sommes déçus que le syndicat ait choisi de se retirer alors que nous sommes si près d’un accord, et nous restons prêts à reprendre les négociations», a-t-elle déclaré dans un communiqué. Selon elle, l’offre du patronat inclut «des augmentations de salaire historiques» et des «protections significatives» en matière d’intelligence artificielle, incluant «l’obligation de consentement et de compensation équitable» pour les artistes.