Dans un monde où l’industrie lourde du jeu vidéo répète à l’envi que les jeux n’ont rien de politique, des fois qu’une prise de position pro-droits de l’homme puisse les priver d’un client potentiel, les Français de Dontnod se distinguent depuis douze ans par le pari inverse. Le studio parisien se façonne petit à petit une identité dans la mobilisation frontale et assumée d’idées progressistes. En évoquant les questions de genre, d’immigration, la bigoterie, l’air du temps réac. Un jeu vidéo qui donne à incarner des ados mal dans leur peau, une homo qui apprend à aimer, un jeune trans qui tente de renouer avec une famille qui a explosé, des frangins latinos terrorisés par la police. On a remué des souvenirs enfouis et confus, on a côtoyé des personnes en fauteuil roulant (dans combien de jeu a-t-on seulement représenté le handicap ?), on a foncé tête baissée contre le mur de Trump, on a fumé des pétards.
Dès sa création en 2008, le studio avance à rebours du marché. En plein eldorado du jeu mobile, Dontnod se lance avec des rêves de science-fiction et met sur pied un projet hyper ambitieux d’action-aventure dans un néo-Paris futuriste. Un blockbuster en guise de coup d’envoi. Parmi les six cofondateurs, un nom qui parlera à beaucoup : celui de l’écrivain Alain Damasio, qui entame l’écriture de Remember Me avant de laisser la main et une tradition narrative très forte au sein du studio. Création attachante mais inégale, Remember Me débarque en juin 2013, quinze j