D’instinct, ce qui surgit, c’est une terre de cinéma. L’Islande minérale comme paysage de tous les ailleurs, île transformée en toile blanche sur laquelle projeter les fantasmes de mondes distants et étranges, qu’ils se situent à plusieurs années-lumière (Prometheus, Interstellar) ou par-delà le mur de la civilisation (Game of Thrones). Mais aussi vite qu’elle nous apparaît, l’image de ce territoire lunaire se trouve chassée par une autre destination. Derrière ces monts et rocailles, il y a un truc, ou plutôt un trek. Virtuel. Toutes les images réunies par le photographe suisse Pascal Greco dans Place(s) proviennent en effet du jeu vidéo Death Stranding.
Chef-d’œuvre bancal de l’hiver 2019, la dernière création en date du Japonais Hideo Kojima plaçait le joueur dans la peau d’un livreur de l’extrême et faisait de la marche le cœur de son système nerveux. En figeant le flux du jeu, Greco finit d’effacer les dernières traces d’une humanité déjà réduite à peau de chagrin par Kojima. Ne restent que ces grands espaces : à la fois cadre foudroyant d’un des jeux en monde ouvert les plus marquants, parce qu’à l’os, et monumental témoignage de l’hyperréalisme mimétique d’une industrie du jeu vidéo depuis toujours dévorée par l’a