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Jeu

«Resident Evil Village», ambiance de la frousse

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Le huitième épisode de la franchise horrifique se distingue par son tournant baroque et son jeu sur le visible et l’invisible, qui provoque une tension suffocante. Avant de se relâcher peu à peu.
«Resident Evil Village» de Capcom. (Capcom)
publié le 15 mai 2021 à 13h28

Ce n’est qu’un claquement de talons sur le marbre. Le bruit de quelqu’un qui, depuis deux minutes, fait les mille pas dans un vestibule adjacent. Deux minutes, c’est long, manette en main, lorsqu’on ne fait rien d’autre que s’accrocher à cette marche obsédante. Clac, clac, clac. Le son semble s’éloigner, moment d’entrebâiller la porte pour jeter un œil : rien ne bouge. Moment du choix : courir à perdre haleine ou gagner les escaliers en tapinois ? Dans quelques secondes, le funèbre écho aura repris, les immenses foulées nous auront vite rattrapé. On suspendra son souffle. Comme si ça pouvait changer quelque chose…

Un jeu vidéo ne se reçoit pas hors contexte. Dans une industrie de la suite franchisée, il s’inscrit d’abord dans sa propre légende, se construit sur et contre les épisodes qui l’ont précédé. Il s’adapte aussi aux exigences de l’époque, technologiques (le graphisme, par exemple) et techniques (le gameplay), et se façonne en réaction aux créations qui ont pu chahuter les standards du genre dans lequel il s’inscrit. Et puis il y a cet impondérable absolu : l’air du temps, le moment de réception côté joueur. Cela ressemble à une évidence, mais le jeu vidéo est un média actif, appelant interaction, et mieux vaut que son récepteur soit consentant et motivé pour le coconstruire. Depuis une douzaine de mois, on fuyait autant que possible les jeux d’horreur ou démesurément violents. Histoire de ne pas rajouter une couche d’hypertension à l’époque. La saga Resident Evil