Stilstand réveille une ancienne intuition, l’idée presque aussi vieille que les débuts de l’informatique domestique qu’il y a certainement «quelque chose» à creuser dans les liens entre bande dessinée et numérique. Ce «quelque chose» a donné lieu à des déclinaisons de livres en CD-Rom interactif, fichiers numériques dont on déroule les pages plutôt que de les tourner, à des créations hybrides en forme d’hydre, à l’image de l’Amerzone de Benoît Sokal qui existe à la fois comme bande dessinée et comme jeu, ou à des jeux inspirés esthétiquement des codes de la BD (remember Comix Zone en 1995)… Mais aucun modèle franc et clair ne s’est suffisamment distingué pour que d’autres construisent autour.
Il ne s’agit pas ici de dire que Stilstand va bouleverser la donne, on peut même affirmer assez sereinement que le jeu n’a rien changé, dans la mesure où on le découvre aujourd’hui à l’occasion de son portage sur PlayStation et Switch, et qu’il était passé complètement hors des radars lors de sa sortie sur PC il y a un an. Mais la création de la Danoise Ida Hartmann est si juste qu’il n’est nul besoin d’attendre un quelconque héritage pour se réjouir. BD interactive, roman graphique jouable ou jeu dessiné à lire, on ne sait pas trop comment qualifier cette proposition sinon qu’elle est fermement installée du côté des alternatifs (en jeu comme en BD). Esthétiquement, la création de Hartmann évoque le travail de certaines autrices scandinaves publiées par les éd