Ecrans noirs à prévoir vendredi chez Ubisoft. Le syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV) et Solidaires Informatique ont lancé ce lundi un «appel à la grève» le 27 janvier de toutes les entités françaises de l’entreprise pour dénoncer les pratiques managériales de la direction. L’appel à la grève, qui fait «suite aux dernières réunions avec la direction d’Ubisoft» selon les deux syndicats, vise plus précisément à dénoncer «l’absurdité des conditions de production des jeux et la façon dont nos collègues et nos camarades sont traités comme des poids et des charges dont il faudrait se débarrasser», précisent-ils dans un communiqué.
Ces dernières années, la culture du «crunch» (des périodes de travail particulièrement intenses visant à achever tout ou partie d’un projet) au sein de l’industrie du jeu vidéo est de plus en plus dénoncée. La sortie de l’ancien directeur créatif du studio Rockstar Games Dan Houser en 2018, qui a depuis quitté l’entreprise, reste emblématique de cette norme de plus en plus dénoncée. Auprès du New York Magazine, à l’occasion de la sortie de Red Dead Redemption 2, il s’était enorgueilli : «Certaines semaines, nous avons travaillé plus de 100 heures.»
Les syndicats d’Ubisoft développent dans leur communiqué : «La direction de notre entreprise continue de remettre en question le travail effectué sans jamais considérer la possibilité de ses propres échecs et aveuglements». Ils réclament notamment «l’ouverture de négociations salariales» dans le but d’obtenir des revalorisations «à hauteur au moins de l’inflation, indépendantes des augmentations».
Chute en Bourse
Ce n’est pas la première fois que le management chez Ubisoft est mis en cause. En juillet 2020, Libération avait dénoncé, avec une vingtaine de témoignages à l’appui, un système toxique, dominé par des hommes intouchables, que protégerait «un mur des RH».
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L’éditeur français de jeux vidéo a chuté lourdement en Bourse depuis l’annonce mi-janvier de l’abaissement de ses prévisions financières pour l’ensemble de l’exercice 2022-2023, en raison du contexte de «détérioration des conditions macroéconomiques».
Ubisoft a révisé à la baisse son objectif de croissance de chiffre d’affaires sur 2022-2023, avec des ventes en baisse «de plus de 10 %» par rapport à l’année précédente. Le groupe avait initialement communiqué un objectif de croissance «supérieure à 10 %» du «net bookings» («réservations nettes», soit les ventes hors revenus différés), son indicateur de référence.
Ubisoft avait également indiqué avoir arrêté le développement de trois projets «non annoncés», en plus des quatre arrêts déjà annoncés en juillet 2022.