Quelques heures après son ouverture, le 10 mars, le procès de trois anciens cadres d’Ubisoft pour harcèlements sexuel, moral et agression sexuelle, à la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), était renvoyé à ce lundi 2 juin après une matinée de foire d’empoignes. Dans une étonnante convergence des luttes, les avocats de la défense et des parties civiles avaient attaqué de concert le procureur, qui aurait mal transmis le dossier d’enquête, dont un segment était longtemps resté introuvable. Le dossier avait bien une partie 1, des parties 3 et 4, mais la 2, elle, semblait s’être perdue dans les limbes. Après s’être longtemps entendu dire qu’il s’agissait d’une simple erreur de numérotation, une centaine de pages étaient apparues peu avant l’ouverture du procès. «Atteinte intolérable à l’impératif de procédure équitable», tonnait Me Gozlan, représentant de deux des trois accusés, en demandant le renvoi. La représentante d’une majorité des plaignants, Me Beckers, profitait de ces remous pour rappeler la nécessité de la présence d’Ubisoft en tant que personne morale sur le banc des prévenus. Requête appuyée à son tour par les droits de la défense: «Ubisoft, c’est un peu le fantôme de ce dossier.» Quelques semaines on passé. Les pages mystères du dossier d’enquête, que Libération a pu consulter, ne contenaient aucune révélation incroyable. Le procès peut enfin commencer.
«Avez-vous dit “les gens en burn-out sont des faibles,