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Libération
Vite joué

Les critiques de «Saints Row», «The Last of Us − Part 1» et «Steelrising»

Un pandémonium boutonneux en guise de reboot, un enfer américain remaké et un bootleg sanglant dans les jardins de Versailles, c’est le mezzé jeu vidéo de la rentrée.
publié le 18 septembre 2022 à 19h19

Reboot : «Saints Row» (sur PC, PlayStation, Xbox)

Après une décennie de fureur outrancière, la série des Saints Row a disparu des écrans en 2015 et l’on pensait ne plus jamais entendre parler de ce summum d’open world boutonneux où l’on se taillait un costard de parrain à coups de godemiché. Jusqu’à ce reboot. Faisant fi de dix ans d’évolution des prods en monde ouvert façonnées par le modèle d’Ubisoft ou quelques pivots comme Breath of the Wild, le jeu de Volition malaxe la même matière qu’à ses débuts et propose une parodie excessive et cheap des GTA fondateurs. C’est paillard, répétitif, à la ramasse techniquement, mais la proposition est si différente, dans sa stase, qu’on peine à suivre la voie de la raison et poser la manette. Le plaisir pas du tout recommandable de la rentrée.

Remake : «The Last of Us − Part 1» (sur PS5)

Quelques mois avant que ne débarque sur HBO l’adaptation série de The Last of Us (pilotée par Craig Mazin, showrunner de Chernobyl), Naughty Dog remet son chef-d’œuvre de 2013 au goût technique du jour. Si le jeu se pratiquait encore très bien près de dix ans après sa sortie, largement préservé des assauts du temps par une écriture renversante, le travail de refonte visuelle est tel (les éclairages !) qu’il permet à cette traversée d’une Amérique ravagée par une pandémie de retrouver à l’écran la même splendeur que dans la mémoire des joueurs. Un incontournable, qui a transformé la façon de raconter les sentiments dans les hautes sphères des superproductions du jeu vidéo.

Bootleg : «Steelrising» (sur PC, Playstation, Xbox)

Bien implanté dans cet espace raréfié entre indé et blockbuster, le studio français Spiders adopte avec Steelrising une nouvelle langue. Celle, âpre et martiale, inventée par les Japonais de FromSoftware (Elden Ring), et plus précisément celle développée dans Bloodborne, cathédrale d’un jeu pensé autour de l’agression et de l’évitement. Systèmes, level design, gameplay, tout est exécuté avec suffisamment d’application pour séduire, sans toutefois atteindre la même fluidité du geste. Steelrising se distingue surtout par sa direction artistique, étonnamment lumineuse, qui troque le gothique de rigueur pour un clockpunk 1789 où, des jardins de Saint-Cloud au Chatelet, il s’agit de mater l’armée d’automates lâchée par Louis XVI.