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Libération
Critique

«Les Feux sauvages» de Jia Zhangke, bribes de mille feux

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A partir de vingt ans de rushes, le cinéaste construit une histoire d’amour remarquable, traversée par les mutations de la Chine du XXIe siècle.
Zhao Tao est Qiaoqiao. (Ad Vitam)
publié le 7 janvier 2025 à 15h57

A la fin de la projection de gala à Cannes de Caught by the Tides (qui sort en France sous le titre les Feux sauvages, sachant que le titre original serait plutôt «Génération romantique» !) les lumières de la salle se sont rallumées sur l’actrice principale Zhao Tao, compagne de Jia Zhangke, complètement bouleversée et en larmes. On peut la comprendre car elle venait de voir défiler sur écran géant plus de vingt ans de sa propre vie de fiction depuis le début du nouveau siècle jusqu’à aujourd’hui, dans une ample rétrospective de l’œuvre de Zhangke et, de fait, une traversée de deux décennies de transformations de la Chine dans des proportions gigantesques.

C’est un film tout à fait inhabituel car le cinéaste, en partie bloqué par la pandémie, a tourné très peu de séquences, sinon pour la dernière partie lui permettant de documenter l’atmosphère angoissante des mégalopoles sous Covid, l’essentiel du récit étant composé à partir des kilomètres de rushes qui s’étaient accumulés au gré de ses différents longs métrages. «Dans le premier tiers du film, il y a beaucoup de fragments sans rapport les uns avec les autres, qu