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Adolescence

«Journée de noces chez les Cromagnons» : Wajdi Mouawad fait l’archéologie d’une famille en guerre

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Jusqu’au 22 juin à la Colline à Paris, le metteur en scène présente une de ses toutes premières pièces. Il revisite le jeune homme qu’il était alors et le huis clos d’un foyer sous les bombes au Liban.
La sœur se marie, la famille attend patiemment son futur époux. (Simon Gosselin)
publié le 1er mai 2025 à 13h02

Monter une pièce qu’on a écrite il y a plus de trente ans, c’est courageux, et cela donne la possibilité d’être furieux, agacé, ému, compatissant, à l’égard de cet inconnu qu’on a peut-être été, et qui, exilé au Canada avec sa famille, a passé son adolescence à se demander ce qu’il faisait dans ce pays glacial et endormi par la neige, plutôt que sous les orages de bombes à Beyrouth. Cet homme qui revisite celui qu’il a été dans la langue qu’il a perdue, l’arabe, c’est Wajdi Mouawad et la pièce au titre éloquent, Journée de noces chez les Cromagnons, est la première qu’il écrivit au Canada, jeune homme meurtri.

La voici donc à Paris, sur le plateau de la Colline, jouée en arabe par des acteurs en partie Libanais. On s’en souvient, cette pièce aurait dû être créée au Liban le 30 avril 2024, au théâtre Le Monnot de Beyrouth. Elle a dû être annulée, en raison «de pressions et menaces sérieuses sur certains artistes, techniciens et le théâtre» faites par des activistes, selon la directrice du lieu. Dans un pays où depuis 1955, il est interdit d’avoir des contacts avec des Israéli