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Théâtre

«Jours de joie» d’Arne Lygre à l’Odéon-Berthier, les voix de la gaieté

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Stéphane Braunschweig retrouve la langue du dramaturge norvégien et fait jaillir le trouble et l’humour de cette réflexion sur le dédoublement et le bonheur.
Un immense tapis de feuilles d’automne recouvre toute la scène des Ateliers Berthier dans «Jours de joie». (Simon Gosselin)
publié le 26 avril 2024 à 17h11

Avant même la pièce, il y a la liste de ses personnages : «une mère», «une autre mère», «une sœur», «une autre sœur». «Un moi». Et, déjà, on retrouve la curieuse écriture d’Arne Lygre, faite de dissociations, de jeux de rôles qui s’échangent, de récits qui s’enchâssent. Sur un immense tapis de feuilles d’automne qui recouvre toute la scène des Ateliers Berthier, il n’y a rien qu’un banc, un très, très long banc. Comment peut-on être proche quand on est deux sur un banc pareil ? A moins qu’il ne faille être plus nombreux, toujours plus nombreux, pour s’y rencontrer vraiment ? Une mère et sa fille s’y retrouvent, elles ne se sont pas vues depuis longtemps, la fille travaille à l’étranger. Elles sont si heureuses d’être ensemble, quoiqu’un peu fébriles. C’est vraiment «un jour de joie». Bon sang, mais que fait Aksle, le fils, le frère, il devrait déjà être là… Ils s’étaient donné rendez-vous ici pour être seuls. Tout comme ce couple séparé qui arrive, tout comme cette famille en deuil que voilà. Tous voulaient être seuls, ils se retrouvent à coudoyer et mettre leur grain de sel dans l’affaire du voisin – très belle image que ces beaux acteurs tout serrés sur le long banc.

Identités multiples

Jours de joie (créée pour la première fois à Oslo en 2021) est la cinquième pièce d’Arne Lygre que Stéphane Braunschweig met en scène. Les précédentes étaient sombres et