Kira Kovalenko, à peine 32 ans, était à Paris le 1er février pour enchaîner les entretiens en superstar, à propos de son deuxième long-métrage, les Poings desserrés, prix Un certain regard au dernier festival de Cannes. Ce sont des cicatrices encore vives d’une autre guerre que celle qui se prépare dans le Donbass qui est la matière de son film, après la deuxième guerre de Tchétchénie aux confins des années 2000. Longue silhouette très fine, longs cheveux très rouges, peau transparente, et yeux couleur miel, elle parle à voix basse en russe, et quelque chose fait qu’on la regarde, réagit et l’écoute comme si l’on comprenait absolument ce qu’elle disait. Dans le flot des sons, une communication non verbale s’instaure, qui n’est pas sans rappeler qu’elle-même a tourné son film en ossète, une langue qu’elle ne connaît pas. Entretien traduit.
Dans quelle langue avez-vous écrit votre scénario ?
Je l’ai écrit en russe, qui est la seule langue que je parle, mais en sachant que je ne le tournerais pas forcément dans cette langue. Mes parents ont de multiples origines mais ils ne m’ont pas transmis la langue de leurs pays. Mais quand j’ai fait passer des essais à