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Photographie

Kwame Brathwaite exposé à Mougins : diapos noirs, masques blancs

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Une rétrospective inédite permet de mesurer l’ampleur du travail du photographe et militant qui, dès la fin des années 1950, aura placé la beauté noire et les luttes des Afro-Américains au cœur d’un projet politique, culturel et artistique mais aussi sublimé des personnalités musicales de son époque.
Des Grandassa Models durant la parade organisée à l’occasion du Marcus Garvey Day, vers 1965. (Kwame Brathwaite)
publié le 25 juillet 2025 à 15h10

Avant de désigner une formule publicitaire, un slogan est, étymologiquement, un cri de guerre. «Black is beautiful» relève pleinement de l’acception originelle. Si l’expression est connue de tous, rares sont ceux qui savent ce qu’elle doit à Kwame Brathwaite, photographe afro-américain qui mit, pendant plus de soixante ans, la beauté noire au centre d’un projet politique, culturel et artistique. Deux ans après sa disparition, le Centre de la photographie de Mougins, dans les Alpes-Maritimes, présente sa première rétrospective européenne – au programme du «Grand Arles Express», volet hors les murs des Rencontres d’Arles.

Il faut dire, en introduction, l’importance de ce lieu qui mène, depuis son ouverture en 2021, une ambitieuse programmation, pensée comme un récit au long cours. Cette exposition est la dernière d’une trilogie consacrée à la photographie afro-américaine. Après Stephen Shames et ses clichés documentant la place primordiale des femmes dans le Black Panther Party, après Bayeté Ross Smith qui questionnait la réappropriation de l’image de soi, l’œuvre de Kwame Brathwaite s’inscrit quelque part à la croisée, entre témoignage historique et réflexion performative sur la représentation.

Panafricanisme

Sur la première photographie de l’exposition, six hommes en costume-cravate posent en studi