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La BnF lance un appel aux dons pour l’achat des planches originales de «La Bête est morte !», BD écrite sous l’Occupation

La Bibliothèque nationale de France a annoncé, ce vendredi 6 septembre, mener une levée de fonds auprès du grand public pour obtenir une perle de la bande dessinée française. Les 77 planches visées sont estimées à 875 000 euros.
Couverture de «La Bête est morte !». (Éditions Gallimard)
publié le 6 septembre 2024 à 12h08

Des planches mythiques sur lesquelles les Français sont des écureuils, les Allemands des loups et les Soviétiques des ours blancs. La Bibliothèque nationale de France (BnF) a lancé un appel aux dons ce vendredi 6 septembre pour l’acquisition d’un ensemble de planches originales de la bande dessinée La Bête est morte !, estimées à 875 000 euros. La campagne se clôture le 31 décembre prochain.

La Bête est morte ! est un classique de la BD française signé Edmond Calvo, caricaturiste et illustrateur autodidacte, sur un scénario de Victor Dancette et Jacques Zimmermann. L’œuvre a été réalisée en pleine Occupation allemande et dépeint la Seconde guerre mondiale avec des animaux : les Français sont des écureuils, les Allemands des loups, les Soviétiques des ours blancs, etc. La bande dessinée évoque notamment le génocide des Juifs d’Europe. «Les hordes du Grand Loup avaient commencé le plus atroce plan de destruction des races rebelles», lit-on.

Une œuvre de résistance et dénonciation

«Les opérations militaires et les événements politiques sont exposés en détail, mais aussi la Résistance intérieure et extérieure ainsi que la vie quotidienne des civils (rationnement, exode, torture, exécutions, massacres de Tulle et d’Oradour-sur-Glane, etc.) ou les camps de prisonniers», détaille la BnF.

Cette bande dessinée a été écrite en deux tomes. Le premier, de 32 pages, paraît en août 1944 et le second ,de 48 pages, en juin 1945. L’album original que souhaite acquérir la BnF est composé de 77 planches de grand format (43,5 x 32 cm) ayant servi à l’impression des deux volumes. Le prix de ces planches, estimées à 875 000 euros, est en partie justifié par les matériaux utilisés. Les planches sont «exécutées à la plume et au pinceau à l’aide d’encre de Chine et de gouaches», précise la BnF qui évoque «une fraîcheur de coloris extraordinaire - saluée par Albert Uderzo».

La BD a été republiée à partir de 1977 par Futuropolis, puis en 1995 et 2007 par Gallimard. Cette acquisition que souhaite réaliser la BnF est destinée à entrer à la Réserve des livres rares. En attendant, 16 de ces planches sont exposées jusqu’en novembre au Centre Pompidou à Paris, dans le cadre de son exposition La BD à tous les étages, consacrée au neuvième art.