A quoi peut bien ressembler le théâtre politique aujourd’hui ? Est-il condamné à prendre la forme d’une (vieille) rengaine au refrain peu contestable – «le racisme, c’est mal» – ou est-ce possible qu’il surprenne, détonne, captive, alors même que le public (français) est pour sa plus grande part acquis à la cause présentée ? Peut-on se saisir de l’actualité la plus brûlante, celle qui bouge heure après heure, ou une distance temporelle et réflexive est-elle nécessaire pour qu’une pièce advienne et soit pérenne ? A quoi sert un tel théâtre aujourd’hui ? La pièce-procès de la metteuse en scène, autrice, dramaturge ukrainienne Sasha Denisova, portée sur scène dans l’urgence et magistralement par Galin Stoev et la troupe du Théâtre national Ivan-Vazov à Sofia, constitue un cas d’espèce fascinant.
Alice au pays des cauchemars
C’est donc une fillette d’une douzaine d’années qui est la principale accusatrice de Poutine à La Haye. Une enfant jamais nommée dont la nationalité n’est pas complètement explicite en dépit de son sweat aux couleurs de l’Ukraine matinées de rose. La «gamine» est chargée de présenter les protagonistes et leurs multiples crimes de guerre, tandis que sur le grand plateau du ThéâtredelaCité, à Toulouse, défilent comme autant de poupées au visage de cire, ensemble ou séparément, Poutine, Kadyrov, Patrouchev, mais aussi des sommités moins connues des médias français comme