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Librairie éphémère

«La lumière vacillante» de Nino Haratischwili, lu par Lily Graniou-Galiano, lycéenne

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Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui, quatre copines prisonnières de la Géorgie des années 1980.
A Tbilissi, en 1990. (Gueorgui Pinkhassov/Magnum Photos)
par Lily Graniou-Galiano
publié le 9 novembre 2024 à 21h52

Dans les années 1980, quatre voisines se lient d’amitié dans la capitale de la Géorgie, Tbilissi. Keto, la narratrice, demeure calme et mesurée, malgré les nombreux conflits qui secouent le pays. Ira est une élève modèle, brillante et timide ; sa «protégée», Nene, grandit dans une famille de criminels connus dans toute la capitale. Dina est la plus libre des quatre. Elle vit avec sa mère et sa cadette, et ne laisse rien ni personne dicter sa vie. Du moins, c’est ce qu’elle souhaite croire. La jeune héroïne tombe amoureuse de la photographie et du frère de Keto, Rati.

Au début du livre, nous retrouvons Keto des dizaines d’années plus tard, lors d’une exposition de photographie tenue en mémoire de Dina, après son suicide. Chaque photo plonge Nene, Ira et Keto dans un océan de souvenirs d’un passé douloureux, et nous avec. Les flash-backs rythment la temporalité du roman avec brio. Le retour au présent nous fait ressentir les non-dits entre les trois filles, rendant l’histoire encore plus captivante.

Bien que les histoires d’amour et d’amitié fassent partie intégrante de l’œuvre, Nino Haratischwili fait une description – et, par extension, une critique – de la situation politico-économique de la Géorgie entre les années 1980 et 1990. Du sexisme à la corruption des gouvernements, l’écrivaine dresse un portrait plein de ressentiment du pays qu’elle a connu. La mort et la violence sont omniprésentes : Keto décrit le groupe comme «les survivantes qui essayent de continuer à