Sur la scène au son de Jul une bande de jeunes hommes désorganise : ça s’invective, ça se pousse, ça se bastonne, ça hurle, ça grimpe même dans les gradins. Voici mis en scène le mâle tel qu’il performe, ensauvagé par la bande, celui bien connu qui prend dans l’espace toute la place, qui s’assied les jambes trop écartées, qui parle trop fort et qui effraye les bonnes gens. Après avoir dans un très beau spectacle, Désobéir, donné voix à l’expérience des jeunes femmes, Julie Berès, accompagnée des dramaturges Kévin Keiss, Lisa Guez, et de l’écrivaine Alice Zeniter, poursuit son travail théâtral sur le genre.
Sept comédiens et une comédienne refondent en à peine deux heures la doxa progressiste d’une déconstruction masculine, évoquant dans l’ordre la figure problématique du père, la difficulté de la drague, le rapport au corps et au sexe, l’addiction au porno, la dure condition d’homosexuel, la tyrannie de la pénétration etc. Le spectacle se construit au gré linéaire de thématiques qui, trop vite, ressemblent aux entrées d’un manuel de pédagogie. Chaque personnage prend en charge un sujet, souvent face scène, sous forme de témoignage : le relais d’un questionnement intérieur, dont on imagine qu’il est le fruit de discussions préalables au plateau entre des hommes d’une vingtaine d’années, de physiques, sexualités, et origines variés, dans un souci de représentativité un peu voyant.
Masculinité puissante et fragile
Pour qui est déjà éveillé à ces questions, le propos est sans doute mince, et la forme pénib