«Quand on fait un rêve, on le prend pour la réalité. Mais quand finit la nuit, on sait qu’il n’en était rien… Donc si un jour on se réveille, alors…» La Vegeteriana s’achève avec cette phrase en suspens, qui résonne encore alors que le noir se fait sur un tableau saisissant : une jeune femme dénudée échouée sur un matelas sale, entourée de trois autres personnages, impuissants. Il existe indéniablement dans le spectacle de Daria Deflorian une terreur mêlée de mystère qui fait sa beauté, hélas irrégulière, car elle se heurte à d’autres partis pris plus attendus, et une interprétation semble-t-il erratique du texte de Han Kang.
Heureux hasard, la Végétarienne, publié en 2007, est le roman le plus connu de cette autrice sud-coréenne qui vient de remporter le prix Nobel de littérature. L’histoire de Yonghye, jeune épouse jusque-là irréprochable et, selon son mari, absolument normale qui une nuit, après avoir «fait un rêve», vide le frigidaire pour en jeter toute la viande congelée – anguilles hors de prix comprises – et décide de ne plus cuisiner ni manger de viande. Une décision irrévocable. Cela ressemble d’abord à une lubie, puis à une pathologie mentale ; c’est en fait une idée de plus en obsessive : devenir plante.
Murs glauques
Daria Deflorian a trouvé dans l’ossature du roman