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Entretien

«L’Amante anglaise» à l’Odéon : «Peut-être qu’être acteur, c’est laisser les fantômes agir un peu malgré soi»

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Partenaires de jeu dans la mise en scène d’Emilie Charriot, Dominique Reymond, Laurent Poitrenaux et Nicolas Bouchaud reviennent pour «Libération» sur le déroulement des répétitions et le plaisir de jouer Duras.
Dominique Reymond, Laurent Poitrenaux et Nicolas Bouchaud, le 13 mars à Paris. (Camille McOuat/Libération)
publié le 20 mars 2025 à 15h54

Certaines pièces se passent de tout sauf des acteurs. C’est le cas de l’Amante anglaise de Marguerite Duras, créée pour et avec Madeleine Renaud en 1968, et jouée, ce printemps, dans une mise en scène de la comédienne franco-suisse quadragénaire Emilie Charriot avec, ô bonheur absolu, trois géants du théâtre public : Nicolas Bouchaud, Laurent Poitrenaux et Dominique Reymond. Ils n’avaient jamais participé à un même spectacle.

La pièce est un écrin pour elle, Claire Lannes, qui a tué sans qu’elle ne sache pourquoi sa cousine sourde et muette Marie-Thérèse Bousquet. Pour elle, pour eux, pour nous les spectateurs – car on est actifs – il s’agit de s’approcher de l’énigme du meurtre. «Crime communautaire», disait Marguerite Duras pour parler des gestes tragiques dont «tout le monde est responsable parce que tout le monde est responsable de la folie criminelle : si son entourage en avait eu l’intelligence, le crime n’aurait pas eu lieu». Dans l’Amante anglaise, la dramaturge ne juge jamais la meurtrière qu’elle invente à partir d’un fait divers de décembre 1949, qui la passionna tant qu’elle écrivit trois versions de l’histoire. Dans le crime rée