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Théâtre

«L’Amour de l’art» de Stéphanie Aflalo, à tu et à toiles

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Un duo de conférenciers loufoques malmène les chefs-d’œuvre de la peinture : la mise en scène de et avec Stéphanie Aflalo est aussi exigeante que réjouissante.
Stéphanie Aflalo et Antoine Thiollier dans «l’Amour de l’art». (Roman Kané)
publié le 14 janvier 2024 à 16h24

Ils sont deux face à nous, derrière un potelet de balisage à cordes – c’est le terme officiel pour qualifier les cordons rouges qui séparent les œuvres des regardeurs, ou, sur le tapis rouge, le peuple des people, l’ivraie du bon grain, l’art du cochon. Elle, Stéphanie Aflalo, est engoncée dans un tailleur vermillon un peu trop cintré aux larges épaulettes qu’on devine épouvantablement inconfortable, lui, Antoine Thiollier, plus casual, porte un pantalon un brin trop court, des chaussures à semelle bleue, comme s’il venait de les tremper dans une flaque de peinture. Et de peinture, de tableaux, il sera bien question, c’est même le sujet de prédilection des deux interprètes, pour l’instant occupés en remarques liminaires sur le déroulé de la suite, alors même qu’on sait peu ce qu’ils nous veulent et ce qu’on attend d’eux. On les observe sur le plateau quasi vide hormis un grand écran de projection dans la petite salle bondée du Théâtre de la Bastille. On ne perd rien pour attendre, le regard est réversible, le duo est capable de nous scruter, on ferait bien de faire attention, d’apprendre fissa à se rendre invisible en s’enfonçant dans le clair obscur de la représentation.

L’Amour de l’art est le titre de cette cinquième mise en scène de la comédienne Stéphanie Aflalo, qui a coécrit le texte avec son partenaire. Cette petite forme d’une heure dix, est le deuxième volet des « récréations philosophiques », qu’elle mène de concert avec son travail d’actrice, et notamment a