Quiconque s’intéresse à l’œuvre de Pierre Carles saura reconnaître deux accents dans sa voix, fil rouge de la plupart de ses films : la faconde ironique des films «contre» – contre le système médiatique, valet de l’impérialisme capitaliste, contre les coupables dîners du Siècle, contre TF1 et ses serviles soutiens politiques – et les élans presque nostalgiques des films «pour» – pour Bourdieu, pour toutes les formes de lutte sociale, et ici pour les Farc. C’est comme si Pierre Carles, avec une pugnacité dont on ne saurait pourtant douter, s’attaquait à des pans de l’histoire des luttes qu’il sait sur le point de tomber en poussière entre ses mains. Que reste-t-il de ces guérilleros communistes, qui ont gagné la jungle au siècle dernier, adossés à un parti communiste alors puissant, et croyant fermement que la lutte armée pourrait arracher le pays à la mainmise des