Plus que quelques heures pour visiter la magistrale expo Wolfgang Tillmans, «Rien ne nous y préparait − Tout nous y préparait» qui a pris possession cet été de tout le plateau de la bibliothèque publique d’information avec un extraordinaire kaléidoscope d’images, symptômes de toute une génération. Pour son dernier jour, le musée qui a accueilli 3 millions de visiteurs en 2024 restera ouvert gratuitement de 11 à 23 heures.
De Frida Kahlo à Dali, en passant par Bacon et Duchamp, 2 000 œuvres des collections permanentes, sur les 150 000 abritées par le musée, ont déjà déménagé. La bibliothèque publique, qui accueillait quotidiennement des milliers d’étudiants et d’habitués, a investi un autre lieu de la capitale en attendant sa réouverture à l’horizon 2030. Mais puisqu’il n’était pas question de finir sur cette touche un peu nostalgique, le centre Pompidou a imaginé un ultime feu d’artifice du 22 au 25 octobre profitant ainsi de l’effervescence d’Art Basel Paris, «moment où le monde de l’art converge vers la capitale».
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Visible depuis l’extérieur, projetée sur toute la façade du Centre côté piazza, la performance de l’artiste chinois Cai Guo-Qiang imaginée avec le concours d’une IA qu’il a entièrement conçue se déploiera en trois actes pyrotechniques : «le banquet», «l’éveil de l’intelligence artificielle» et «le dernier carnaval». «Une détonation tournée vers le futur», promet le centre Pompidou. Et du 24 au 25 octobre, de jour comme de nuit, c’est le plus gros des labels indé, Because Music, 20 ans pile au compteur, qui prendra les manettes d’une gigantesque party inédite, organisée sur les huit étages du bâtiment renouant ainsi avec l’utopie pluridisciplinaire des débuts rarement mise à l’épreuve du réel. Au menu de «la plus grande célébration proposée au public jamais organisée dans le Centre Pompidou» : une programmation musicale de haut vol, avec les artistes maison, Christine and the Queens, Keziah Jones, 2manydjs, Mayou Picchu et leurs dernières pépites, de Maureen à Pascal Comelade. Mais aussi des invitations lancées par le label parisien Ed Banger, une installation immersive conçue par le plasticien Smith pour The Limiñanas, des masterclass et un salon d’écoute ou encore une gigantesque fresque work in progress conçue par les étudiants de l’atelier de Stéphane Calais au Beaux-Arts de Paris, «préfiguration de la future agora qui verra le jour à la réouverture du bâtiment à l’horizon 2030».
«Le même choc que quand le centre a ouvert en 1977»
Inauguré en 1977 et conçu comme un lieu «ouvert à tous» par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers (mort en 2021), le centre Pompidou s’est donné pour vocation d’accueillir toutes les formes de cultures. Aussi appelé Beaubourg, il a révolutionné son époque et conquis un public francilien autant qu’étranger. Mais il souffre de vétusté. Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu d’importants travaux de rénovation. Une meilleure protection climatique avec une nouvelle étanchéité est également programmée, visant à «réduire de 40 % la facture énergétique», a précisé Laurent Le Bon. «On garde l’enveloppe extérieure mais du sous-sol jusqu’au dernier étage, on change tout», a-t-il détaillé.
Selon lui, lorsqu’ils reviendront au «centre Pompidou 2030», les visiteurs découvriront à l’entrée «un tout nouveau forum pluridisciplinaire de 10 000 m² sur deux niveaux regroupant des salles de spectacle, d’exposition et de cinéma, toutes interconnectées». Une immense terrasse ouverte au public au septième étage offrira une vue imprenable sur Paris.
Le musée national d’art moderne sera doté d’une nouvelle scénographie et d’un parcours «mettant en valeur la place des femmes artistes et faisant la part belle aux débats de société (écologie, rapport à la ville…) ainsi qu’aux nouvelles technologies». «On espère que les visiteurs auront un peu le même choc que quand le centre a ouvert en 1977», a poursuivi le président.
Rétrospective
Le lieu va être «classé au titre de l’inventaire des monuments historiques en 2026», ce qui permettra «de bénéficier de l’expertise du ministère de la Culture pour la rénovation et de protéger cette icône en évitant que des évolutions futures dénaturent le projet originel de ses concepteurs», a expliqué Laurent Le Bon.
Le coût global des travaux est estimé à 460 millions d’euros, dont 280 millions financés par l’Etat. Pour les 180 millions restants, «100 millions sont déjà assurés et nous avons bon espoir de trouver les 80 restants dans les cinq ans qui viennent», a-t-il précisé. Outre le mécénat et la circulation des expositions, le centre Pompidou peut compter sur sa «marque» et ses jumeaux à l’international – les deux prochains seront Séoul en mai 2026 et Bruxelles en novembre 2026 – ainsi que sur ses «partenariats», au premier rang desquels celui avec l’Arabie saoudite, qui participe à hauteur de 50 millions d’euros à la rénovation.
Pendant la fermeture, ses collections seront montrées en France et à l’étranger. Après «Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten» au Grand Palais, une grande exposition sur Matisse est programmée au printemps 2026. En parallèle des travaux, le chantier d’un nouvel espace de stockage des œuvres, qui sera aussi un lieu d’exposition et un espace culturel accueillant le public, a démarré à Massy (Essonne) et devrait être inauguré fin 2026.
Du 24 au 25 octobre. Horaires journées : 11 à 19 heures, entrée gratuite dans la limite des places disponibles. Horaires nuit 19h à 5h le vendredi, 20h à 5h le samedi, entrée payante (40 euros) sur réservation.