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Libération
Documentaire

Le film «La Mère de tous les mensonges» surjoue à la poupée

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Asmae El Moudir explore son histoire familiale en faisant dialoguer ses proches et des figurines à leur effigie dans un Casablanca miniaturisé. Un dispositif étonnant mais un peu écrasant.
La cinéaste a fait construire son quartier de Casablanca, notamment par son père. (Arizona Films)
publié le 28 février 2024 à 5h23

Vainqueur du prix de la mise en scène Un certain regard au dernier festival de Cannes, le documentaire la Mère de tous les mensonges arrive en effet flanqué d’un dispositif de mise en scène, au sens fort du terme : pour explorer son passé familial, les trous noirs, les faux souvenirs, la figure d’une grand-mère démone, Asmae El Moudir a fait reconstruire, notamment par son père, tout son quartier de Casablanca en miniature. Un travail d’orfèvre, qui permet à la réalisatrice marocaine d’organiser de beaux jeux d’échelle entre les poupées qui figurent chaque membre de la famille inséré dans son quotidien minuscule, et les véritables personnes, encore bien vivantes et prêtes à en découdre dans le hangar qui sert d’atelier de confection.

Etonnant au départ, ce parti pris est pourtant exploité de façon trop mécanique, nous faisant passer d’un épisode d’intimité fondateur à un raccord sur l’histoire nationale dont on comprend l’articulation théorique mais peine à sentir la nécessité. Dans le discours – incarné par la voix off de la réalisatrice, pas exempt d’un pathos parfois un peu lourd –, tout est cohérent et se déplie à la façon d’une habile opération de catharsis menée jusqu’à son terme (des pleurs salutaires, le sentiment d’avoir attrapé quelques fantômes), mais l’impression est celle d’un passage en force, comm