Avant, il y a longtemps, très longtemps au ministère de la Culture, on pensait qu’il suffisait de déposer délicatement les œuvres de Proust en Pléiade au pied d’une dalle de cité ou sous un Abribus de village pour qu’opère la magie : la communion de tout un chacun avec le chef-d’œuvre. Nous étions en 1959 avec André Malraux et pensions que les freins concernant l’accès aux arts étaient essentiellement géographiques et économiques. Depuis, les sociologues ont démontré que la distance des classes populaires avec la culture institutionnelle était surtout sociale et symbolique. Alors, évidemment, le ministère et ses navires amiraux ont changé de stratégie et des formats de rencontres plus inventifs et moins naïfs ont pullulé partout.
Ah non, pardon… Vendredi, des ambassadeurs du Louvre et du ministère de la Culture s’attroupaient à Rosny 2, centre commercial historique de Seine-Saint-Denis créé en 1973, détenu par le puissant groupe français Unibail-Rodamco-Westfield (URW). Entre la boutique SFR et Jeff de Bruges était inaugurée la tournée «Le Louvre au centre», fruit d’un partenariat à grande échelle entre le musée et le leader mondial des centres commerciaux. Sur quelques mètres carrés, au centre d’une rotonde, sont ainsi disposées, sous verre, des reproductions 2D et 3D de quelques masterpieces de l’institution :