«Pourrai-je revoir la Porte d’Ishtar de mon vivant ?» se demande Anette. Elle doute. Le musée de Pergame ferme ses portes ce lundi 23 octobre avant réouverture complète dans quatorze ans. La Berlinoise de 78 ans ne pourra donc pas réemprunter la Voie processionnelle de Babylone reconstituée avec ses carreaux originaux de briques vernissées représentant des animaux mythologiques avant 2037. «J’aurai alors plus de 90 ans… S’ils respectent les délais !» plaisante-t-elle.
Au musée Pergame, unique au monde avec ses collections architecturales monumentales issues de l’Antiquité (Porte d’Ishtar, Grand Autel de Pergame, porte du marché de Milet et façade du palais de Mchatta), lions, dragons, serpents, scorpions et autres créatures célébrées par le roi Nabuchodonosor II vont disparaître derrière des murs. «Il est techniquement impossible de démonter la Porte d’Ishtar et de l’exposer ailleurs. Il faut donc l’enfermer pendant toute la période des travaux», regrette Barbara Helwing, la directrice du Musée du Proche-Orient.
«Folie des grandeurs»
En revanche, les grands lions en pierre, gardiens de la citadelle de Sam’al, seront évacués par le toit avec des grues. A lui seul, le déménagement durera plus d’un an : 2 000 objets seront retirés des salles d’exposition pour être entreposés ou prêtés à d’autres musées. «Mais qui croit sérieusement que ce musée rouvrira en 2037 ? La Fondation du patrimoine culturel prussien (SPK) n’a jamais tenu ses délais, critique Nikolaus Bernau, histori