Putain de chassé-croisé, sale ironie du hasard des nécrologies. Alors que le monstre du fascisme ressurgit des poubelles de l’Histoire, on apprend un peu sonné, à quatre jours d’un second tour qui menace de donner les clés de la République à l’extrême droite, la disparition subite de l’un des pionniers du mouvement «antifa», si ce n’est son père fondateur. Julien Terzics est mort lundi à Nantes des suites d’une maladie que l’on dit longue, mais qui dans son cas aura été fulgurante. Il n’avait que 55 ans. Pour tous ceux qui ont connu le Paris des années 80 hanté par les affrontements entre crânes rasés néonazis, ducky boys et «chasseurs de skins», c’était un peu une légende. Et pour tous les autres, les jeunes antifas de l’AFA Paris Banlieue, ou ceux de la Jeune Garde de Raphaël Arnault, c’était un grand frère musclé, une figure tutélaire tatouée : le patron du Saint-Sauveur, le fameux bar au rideau orné de l’étoile rouge à Ménilmontant dans le XXe arrondissement de Paris, devenu le QG de l’extrême gauche anarchiste et antifasciste dans les années 2010. Au point de devenir une cible de l’ultra droite ces dernières années.
Batte de baseball et Dr Martens aux pieds
Zoom arrière et retour à novembre ou décembre 1986, en pleines manifs anti-Devaquet. A la tête des Red Warriors, une bande de jeunes adeptes des arts martiaux, viscéralement antiracistes et se revendiquant à la fois «communistes» et