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Le Libé des historien·nes

«Le Pouilleux massacreur», tous les garçons et les filles de leur âge

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Faux polar mais vrai roman d’apprentissage, le nouveau livre de Ian Manook plonge sans nostalgie dans la banlieue des années 60.
A la foire du Trône, à Paris, en 1962. (Jean-Claude Gautrand/Roger-Viollet)
par Arnaud-Dominique Houte, professeur à Sorbonne-Université
publié le 9 octobre 2024 à 18h30

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre 2024, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 10 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Ça se passe au début des années 60 et ça commence comme un polar haute époque : «Pas du beau, commissaire, une ginette qui s’est fait travailler le portrait à coups de pogne.» Un petit air d’Audiard ? Après tout, la Manufacture de livres vient de rééditer l’œuvre d’Albert Simonin. Mais c’est une fausse piste : l’inspecteur amateur d’argot parigot disparaît aussitôt, le mystère du féminicide de Meudon est résolu une dizaine de pages plus loin, et les crimes et délits ont beau foisonner à s’en demander ce que fait la police, ils ne sont pas le sujet principal de ce roman d’apprentissage.

Bande de petits voyous

On connaissait Ian Manook, auteur à succès multirécompensé, pour ses polars de grand voyageur. Le voici de retour dans son Meudon natal, sur la trace de ses souvenirs d’adolescence. La banlieue parisienne à l’hiver 1962, avec ses prolétaires qui votent de Gaulle. La répression policière à Charonne, le racisme ordinaire d’une guerre d’Algérie qui n’en finit pas et s’étend dans les bidonvilles de Nanterre. Sans oublier la radio qui diffuse les Chaussettes