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Théâtre

A la Comédie-Française, «le Soulier de satin» crève l’écrin

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Eric Ruf magnifie l’œuvre de Paul Claudel grâce à de grandes toiles peintes esquissant paysages marins et ciels picturaux, et aux costumes démesurés signés Christian Lacroix.
Elargir le monde, c’est une question de scénographie pour Eric Ruf qui ouvre grand la cage de scène, plateau nu accroché de grandes toiles peintes. (Jean-Louis Fernandez)
publié le 9 janvier 2025 à 10h40

Ovation, public debout après huit heures trente de représentation (entractes compris). Eric Ruf a gagné son Soulier de satin, la pièce fleuve de Paul Claudel, monument théâtral fétichisé, rarement jouée depuis sa création en 1943 – et jamais dans son intégralité – , sous la direction de Jean-Louis Barrault, qui s’y attaquera trois fois, puis Antoine Vitez, Olivier Py et aujourd’hui donc Eric Ruf qui signe là un geste ultime, avant de quitter ses fonctions d’administrateur de la Comédie-Française en août prochain. Un geste ample qui déploie une vingtaine d’interprètes sur le plateau et dans la salle Richelieu, une «dépense» artistique luxueuse, comme une réponse aux cinq millions de coupes budgétaires du gouvernement et au projet avorté de la Cité du théâtre qui prévoyait une nouvelle salle pour le Français. Voilà pour le dossier «diplomatique» de ce Soulier aux histoires de conquêtes, jeux de pouvoirs, coups bas et trahisons. Avec en son centre, le drame d’amour épistolaire et globe-trotter entre Doña Prouhèze (Marina Hands incandescente) et Don Rodrigue (Baptiste Chabauty, nouveau pensionnaire de 2023), en quatre journées distribuées sur trente ans et un tour du monde, de l’Espagne aux remparts de Mogador, e