Des inextricables conflits qui ensanglantent, en toute impunité, la république démocratique du Congo depuis vingt-cinq ans, le cinéaste belge Thierry Michel (Mobutu roi du Zaïre, l’Homme qui répare les femmes…), qui travaille sur le territoire depuis trente ans, a tiré la matière d’un documentaire passionnant et éprouvant. Ne pas s’arrêter aux vastes plans de drone au-dessus du fleuve Congo qui ouvrent le film sur fond de violons ascensionnels : l’Empire du silence est une charge documentée, méticuleuse et didactique, qui revient aux sources multiples et complexes de ces violences et leurs «innombrables auteurs», chefs de guerre ou miliciens rwandais, ougandais, congolais…, s’appuyant sur des interviews de survivants, de journalistes ou de fonctionnaires de l’ONU, et sur des archives tout à fait accablantes.
Débutant sa démonstration en 1994, suite au génocide des Tutsis au Rwanda voisin, le film démêle patiemment l’écheveau, la chronologie venant clarifier l’enchaînement infernal déclenché par l’arrivée de milices (et réfugiés) hutues dans ce qui est alors le Zaïre dirigé par Mobutu, et les responsabilités partagées, au fil des ans, par ces milices, les rebelles congolais, les militaires rwandais, ougandais ou burundais, et celui qui deviendra président autoproclamé du Congo, Laurent-Désiré Kabila. Les innombrables ressources naturelles du Congo (or, coltan, cobalt), qui aurait dû faire du pays l’un des plus riches du monde, aggravèrent plutôt les violen