Pour la deuxième fois consécutive, Claire Berest signe un roman noir. Après Artifices (Stock, 2021), qui empruntait aux codes du polar avec un héros-flic solitaire et bourru, elle publie chez Albin Michel l’Epaisseur d’un cheveu qui décrypte les ressorts pouvant pousser un homme qui n’a jamais levé la main sur quiconque à tuer sa femme. Et le plus détonant, c’est que son avant-dernier roman, autour de la figure de Frida Kahlo, s’intitulait Rien n’est noir (Stock, 2019), preuve que la littérature est le champ de tous les possibles.
L’Epaisseur d’un cheveu nous a fait penser à ce roman de Louise Mey, la Deuxième Femme (le Masque, 2020) qui racontait de façon quasi clinique la vie d’une femme sous emprise et la quasi-impossibilité pour elle de s’en sortir sans aide extérieure. Claire Berest, elle, est plus radicale. Elle annonce la couleur d’emblée et celle-ci est terriblement noire puisque le lecteur apprend, dès les premières pages que la victime ne survivra pas. Loin d’enlever tout suspense à l’histoire, cette information renforce la tension narrative car le responsable du drame a si peu l’allure d’un tueur que l’on a envie de comprendre comment il peut en venir à commettre un tel acte. «L’espace amoureux, dans sa radicalité qui peut aller jusqu’au déraillement, traverse tous mes romans