Elles se coupent la parole, digressent comme pas possible, bafouillent de parler vite… Elles ont vraiment le goût du verbe les formidables cavalières d’Isabelle Lafon, quatre femmes d’âge, de milieux différents, en colocation dans un immense appartement avec un minimum de meubles – c’est une des trois règles à respecter. Sur le plateau, ça se limite à une table basse invisible contre laquelle elles ne cessent de buter, et trois tabourets. Voilà pour la scénographie. Impeccable : trois tabourets pour quatre femmes ? Ça veut dire qu’elles ne vont pas s’installer, qu’il n’y a pas la place de le faire à moins de vouloir prendre le pouvoir, ce qui n’est pas le cas de Denise, Saskia, Jeanne et Nora, qui se poseront seulement quelques secondes, parce qu’ici tout se joue debout. Stand up. Ce sont des femmes verticales qui parlent face public, sans arrêt ; il y a tant de choses à dire.
Denise d’abord, propriétaire de l’appartement, dont on apprend qu’elle viendrait de Roumanie, qu’elle est passionnée de chevaux – références biographiques au passé de l’actrice metteuse en scène Isabelle Lafon. Denise, caractère bien trempé, qui longe ses sentiments, s’est s’imposée dans l’univers masculin des courses : d’abord premier garçon – il n’y a pas de féminin –, puis garçon de voyage – toujours pas de féminin –, avant de devenir un