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Documentaire

«Les Fils qui se touchent» soutient sa mémoire

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Dans un beau documentaire doux-amer, Nicolas Burlaud entremêle les luttes du collectif marseillais Primitivi et sa psyché bouleversée par une crise d’épilepsie.
Le film retrace vingt ans de manifs à Marseille. (Les alchimistes distribution)
publié le 19 février 2025 à 4h05

Depuis la fin des années 90, le collectif Primitivi documente les luttes émaillant la région marseillaise, mû par l’envie de proposer un contre-discours aux informations traditionnelles, davantage à l’écoute des plus démunis. Nicolas Burlaud, l’un des principaux artisans de ce média extra-indépendant, se replonge dans deux décennies de reportages d’actualité à la suite d’une violente crise d’épilepsie, qui s’est soldée par un dérèglement de sa mémoire. Les Fils qui se touchent retrace donc du même coup la quête d’un diagnostic auprès de neurologues, le parcours de Primitivi et ses différents coups médiatiques, et les manifestations successives qui, face aux plans d’urbanismes ubuesques et aux relogements forcés, n’ont cessé d’agiter Marseille durant les vingt dernières années.

Si l’articulation entre ces différents volets apparaît un peu mécanique (le film saute souvent, sans transition, d’une séquence à une autre), Burlaud œuvre, entre ce qui relève de l’intime et de l’histoire, à creuser une porosité qui offre plusieurs coups d’éclat. La pulsation sonore d’un IRM et les visuels impressionnistes qui en résultent se fondent par exemple dans les images diffusées lors d’un piratage des ondes hertziennes par une TV antisystème – tous deux aboutissant à l’apparition d’un crâne sur un écran, tantôt l’emblè