Si certaines urnes funéraires sont faites de céramique, ce serait parce que ces objets, cuits, ont déjà traversé l’épreuve du feu, visité les enfers, éprouvé leurs flammes et, tels des phénix, en sont revenus. Dès lors, ils peuvent bien y retourner, sans que le mort, ou ce qu’il en reste, ait rien à craindre. La céramique pour les morts… et pour les vivants aussi : dans l’exposition que le Musée d’art moderne de Paris consacre à la céramique, la vitrine qui fait face aux objets funéraires est vouée aux rituels de vie et à ces objets dont la matière, la terre, est un symbole de fertilité. La plus ancienne céramique connue (entre 29 000 et 25 000 avant notre ère) n’est pas une figurine féminine par hasard. Voilà, entre mille autres, deux des belles interprétations d’une pratique, de sa pérennité et de ses propriétés, que met sur la table cette exposition au titre inspiré, flamboyant, et militant : «les Flammes, l’âge de la céramique». Anne Dressen, sa commissaire, a passé trois ans à tourner autour du pot pour modeler ce show, à la fois savant et terre-à-terre, les mains aux fourneaux et l’esprit bien dirigé vers les hautes et basses dimensions dont la céramique est le creuset. Très dense, l’exposition progresse à la fois avec légèreté, disséminant les pièces dans l’espace avec bonheur, et avec rigueur, chapitrant et sous-chapitrant ses trois sections, des «techniques» aux «usages» pour en arriver aux «messages» – car la céramique dépasse ici sa réputation de sainte-nit
Expo
«Les Flammes», la céramique tout en nuances de grès
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«Bowl» (2014) de Takuro Kuwata. (Courtesy Pierre Marie Giraud, Bruxelles)
publié le 13 décembre 2021 à 17h49
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