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Roman

«Les fleuves du ciel» d’Elif Shafak : une épopée aquatique à travers les siècles

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La romancière nous embarque du fleuve Tigre sous Assurbanipal et aujourd’hui, en passant par la Tamise en 1840.

Des réfugiés yézidis d'Irak, au bord du Tigre, en août 2014. (Khalid Mohammed/AP)
Publié le 12/09/2025 à 13h41

Tout roman d’Elif Shafak invite au voyage dans le temps, dans l’imaginaire, dans les rites et traditions du Moyen-Orient, dans les désordres du monde et les cahots de l’amour et du hasard. A chaque fois, cette conteuse parvient à nous surprendre en entrelaçant des destins que rien ne prédestinait à se croiser et en décryptant les maux de la planète à la manière d’une fable. Musulmane laïque et féministe bisexuelle, née un peu par hasard en France de parents turcs, grandie en Turquie et exilée à Londres, Elif Shafak est riche de différentes cultures et cette richesse irrigue ses romans comme les fleuves de son dernier livre qui nous fait passer des rives sombres et miséreuses de la Tamise en 1840 aux bords meurtriers du Tigre puis à l’ensemble de la Mésopotamie en 2014, et enfin au cœur du Londres des riches exilés de 2018. Une épopée au souffle romanesque époustouflant dont on ressort comblé tant cette lecture nous a embarqués loin des contingences quotidiennes.

Un bébé né d’une ferrailleuse anglaise

Dans son précédent roman, l’Ile aux arbres disparus (2022), le personnage central était un figuier, cette fois les héros sont des fleuves, Elif Shafak a une relati