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Libération
"La vie en face"

«Les harceleurs ne sont pas des hologrammes»

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« La vie en face » : sur Arte, les mutations de nos sociétésdossier
Les journalistes belges Florence Hainaut et Myriam Leroy dénoncent les cyberviolences dans un documentaire glaçant et nécessaire.
85 % des femmes sont concernées par le cyberharcèlement, et 73 % des femmes journalistes l’ont directement subie. (Kwassa)
publié le 12 juin 2021 à 8h55

A l’écran, des femmes de tous pays qui ont décidé de ne pas se taire. Elles sont autrice, journaliste, députée, humoriste, youtubeuse ou gameuse. Parce qu’elles ont choisi de s’exprimer dans l’espace public, elles sont la cible d’attaques de haine. Dans une première séquence saisissante, une dizaine d’entre elles se succèdent pour lire à voix haute, sur leur smartphone, des extraits des tombereaux d’insultes et de menaces qu’elles reçoivent parfois quotidiennement.

Le geste peut sembler anodin, il ne l’est pas : en quelques secondes, les réalisatrices Florence Hainaut et Myriam Leroy brisent la loi du silence et exposent aux yeux de tous une vérité qui dérange. Le cyberharcèlement, que certains voudraient cantonner à la sphère intime, est un phénomène massif, systémique, révélateur d’une misogynie laissée impunie. 85 % des femmes sont concernées, et 73 % des femmes journalistes l’ont directement subie (1) – les autrices du documentaire ne font pas exception. «En Belgique la cour d’assises peine déjà à se réunir pour des crimes pédophiles, alors pour des femmes qu’on insulte», lâche Florence Hainaut.

«On nous a toujours dit : ça n’arrive qu’à toi». Beaucoup intimaient aux jeunes femmes de parler moins fort, d’encaisser sans broncher, voire de changer de métier. Florence Hainaut et Myriam Leroy ont fait tout le contraire ; leur «part du taf», résument-elles sobrement. A savoir dénoncer, haut et fort, malgré le déchaînement des haters et les trolls, l’extrême