Ils s’appellent Anjir et Zal. Deux amis de longue date qui, enfants, jouaient dans le jardin à se travestir. Zal n’avait pas besoin de forcer le trait, il portait déjà le nom d’un prince persan légendaire. Mais Anjir avait une prédilection pour le rôle de Tiresias, «l’homme de la mythologie grecque qui s’était transformé en femme après avoir frappé deux serpents». Au fil des ans, ils ont compris qu’ils s’aimaient, Anjir passionnément, Zal sans exclusive, leur relation est donc chaotique, Zal disparaît souvent et Anjir se débarrasse alors de tout ce qui peut lui rappeler cet amour momentanément disparu. Sauf qu’il tremble chaque fois davantage car Anjir et Zal vivent en Iran, un pays où l’homosexualité est considérée comme un crime. Il meurt de peur à l’idée d’apprendre un jour que Zal a été arrêté par la terrible police des mœurs. «Parce que tu es encore parti sans dire au revoir, j’ai besoin d’aide pour dormir. D’ordinaire, le poids d’un gros oreiller sur mes yeux suffit. Pas cette fois. Je visualise le corps d’un homme qui se balance sous un citronnier, sans raison si ce n’est qu’on l’a trouvé avec un autre homme. Nous avons lu l’article dans le journal de ce matin. C’était quelqu’un comme nous, même si nous ne le connaissions pas. “Il aurait été surpris avec un mineur, avais-je commenté. — Mensonge. Tout est bon pour tuer du pédé. Le même prétexte éculé à chaque fois. — Je ne veux pas que nos vies finissent comme ça.”»
Artiste et réalisateur
Né en 1986 à Téhéran, Navid Sinaki a qui