La narratrice de l’Heure bleue, treizième livre traduit de Peter Stamm, a fort à faire. Andrea veut réaliser un documentaire sur le romancier Richard Wechsler. C’est un écrivain qui à l’oral ne termine pas ses phrases. Et pire, ne semble pas prêt à tenir ses promesses. Avec son compagnon Tom, qui flirte avec la preneuse de son, Andrea a donné rendez-vous à Wechsler dans son village helvétique natal pour le filmer. L’homme vit depuis des décennies près de Paris. Viendra-t-il ou ne viendra-t-il pas ? En attendant le couple s’intéresse à un boucher, ancien ami d’enfance, et trouve la piste de Judith, une femme pasteure, amour de jeunesse ou d’une vie. Comme toujours Peter Stamm glisse du réel vers l’irréel (exemple : «Si Wechsler était arrivé avec un jour de retard»). Et on peut aussi se demander : la narratrice serait-elle devenue un personnage de l’écrivain évaporé, celui du livre ? Par touches légères, l’auteur instaure un climat d’incertitude, emprunte des chemins de traverse, lance des fausses pistes. Le trio Andrea, Judith, Richard prend néanmoins corps. «Peut-être la disparition est mon unique sujet, elle est la racine de toutes mes histoires, la disparition des hommes, celle de la civilisation dans la nature, celle de la fiction dans la réalité ou de la réalité dans la fiction, et enfin la disparition du langage dans le silence», affirme le romancier suisse allemand, auteur également de nouvelles. F.F.
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Je ne sais pas combien de temps il me re