Après Salvo et Sicilian Ghost Story, Lettres siciliennes est le dernier volet d’une trilogie de la mafia des Palermitains Fabio Grassadonia et Antonio Piazza. Plus éloignée de la trilogie du Parrain, tu meurs. L’intention générale est de démythifier le genre film de mafieux et de gangsters plein de pompe, tout en signant des films qui sont autant de déclarations d’amour à la Sicile. Ce dernier opus est le meilleur des trois, subtil, ouvragé, dans sa forme comique vraiment inattendue comme par l’usage du décor, zone de Trapani, Castelvetrano et Palerme, paysages secs, friches, planques.
Le décor est crucial : tout est en construction et à l’abandon, les ruines en béton côtoient le temple antique de Sélinonte. Parpaings bruts, arches d’autoroutes, baraques désossées, sont les signes tangibles de la présence de la mafia, comme des cicatrices mal suturées ou les traces d’un empire qui rouille. Le film alterne ces moments de plein air et l’enfermement distant des personnages, reclus dans leur cache, entre l’ombre et le soleil, prisonniers libres. Dans sa construction aussi, la fiction varie, démantelant la légende, réduite aux montures de Ray-Ban d’un héroïsme désaffecté. Car Lettres siciliennes,