Le jeu vidéo, comme la vie, n’est pas tendre avec les gentils. Et Ichiban Kasuga est probablement le héros de jeu vidéo le plus gentil, le plus innocemment généreux qu’il nous ait été donné de croiser. Taillé dans le roc, un dragon flamboyant peint dans le dos, l’homme ressemble pourtant à s’y méprendre aux crapules qu’il passe à tabac, mais sitôt qu’il a l’occasion de se lancer dans une tirade – et il aime parler –, Ichiban tombe le masque. S’il a grandi parmi les yakuzas, il est devenu un preux chevalier se jetant au-devant du danger, armé de son courage dans une main, et du pardon dans l’autre. C’est Candide au pays des mafieux.
On n’osera pas ici résumer l’intrigue tentaculaire de la série Yakuza qui se développe et s’étend depuis deux décennies. Tout juste dira-t-on qu’après six épisodes consacrés à l’ascension de l’orphelin Kazuma Kiryu au sein de la pègre japonaise, le Ryu ga Gotoku Studio a entamé sa révolution en 2020 en remplaçant son héros sombre et torturé par cet étrange énergumène (tout en rendant à la série son titre japonais d’origine, Like a Dragon). Au contact d’Ichiban, mafieux déchu expédié chez les SDF qu’on retrouve aujourd’hui dans un rôle de conseiller Pôle Emploi, c’est toute la grammaire réaliste de ce «beat them all» de baston qui a été abandonné au profit d’un système de combat au tour par tour directement empruntée aux je