Après l’éviction polémique d’Isabelle Saporta pour des «différends stratégiques» à la mi-avril, un nouveau visage prend le contrôle de la maison d’édition Fayard. Le numéro un français de l’édition Hachette Livre a annoncé ce mercredi la nomination de Lise Boëll à la tête de sa filiale. L’éditrice de personnalités d’extrême droite et proche du milliardaire Vincent Bolloré a notamment fait du polémiste Eric Zemmour un auteur à succès. «Editrice chevronnée au parcours marqué par de nombreux succès éditoriaux, Lise Boëll aura pour mission de poursuivre le développement des Editions Fayard en fiction et non-fiction, au service du rayonnement des auteurs et du catalogue prestigieux de la maison», a commenté Hachette Livre, filiale du groupe Vivendi.

Fayard, l’une des plus anciennes maisons d’édition françaises encore en activité, souffre depuis deux ans d’une forte instabilité. Elle lui a fait perdre des auteurs à succès, notamment la romancière Virginie Grimaldi, deuxième autrice la plus vendue en France en 2023. En mars 2022, c’était Sophie de Closets qui quittait la tête de cette maison, lassée des pressions politiques qui, selon elle, ne permettaient plus de travailler en toute indépendance. La dirigeante qui lui a succédé, Isabelle Saporta, a tenté de prendre le relais. Mais moins de deux ans après sa prise de fonction, Hachette Livre lui demandait de céder la marque Fayard à une autre maison de Hachette, Mazarine, dirigée par une éditrice avec qui elle a des désaccords politiques : Lise Boëll. D’après des sources internes à Fayard, Hachette Livre ne lui avait laissé que deux choix : signer l’accord pour laisser Mazarine exploiter la marque Fayard ou être licenciée. Isabelle Saporta s’y est refusée et a donc été licenciée en avril.

Lise Boëll, 57 ans, qui travaille dans l’édition depuis 1997, s’est forgé dans le milieu l’image de l’éditrice d’auteurs de droite et d’extrême droite, d’abord chez Albin Michel jusqu’en 2021, puis chez Plon jusqu’à fin 2023. D’après ses détracteurs, nombreux dans le monde de l’édition, Vincent Bolloré, qui ne fait pas mystère de son conservatisme et de son catholicisme traditionnel, a fait de Fayard un instrument au service d’un projet de diffusion de ses idées politiques.