Chaque semaine, «Libération» passe en revue l’actualité du livre jeunesse.
Une renarde creuse son terrier dans un bac à sable. Une famille de canards passe devant le panneau «Accueil piscine – 10 ans : je viens accompagné d’un adulte». Des sangliers s’ébattent dans un pédiluve. Des daims s’essaient à la balançoire à bascule. L’hiver est arrivé et les humains ont déserté le parc à jeux qui jouxte la voie ferrée. Oiseaux et mammifères de la forêt voisine en profitent. Quand les enfants ne sont plus là, les animaux sont peinards.
Mais bientôt le printemps revient et avec lui les hommes, qui reviennent au parc pour faire le ménage. Jusqu’à ce qu’ils découvrent, dans la cabane du toboggan, une ourse en fin d’hibernation… Alors c’est la panique, et les maîtres du lieu vont s’ingénier à bâtir une frontière entre l’animal et la ville. Au bonheur des premières pages succède une atmosphère plus oppressante, teintée de rouge.
Confrontation
A travers des planches superbes, Nina Neuray, diplômée de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, met en scène la confrontation des deux mondes, celui de la nature et celui des installations humaines. A la lisière est un album magnifique, dans lequel chaque illustration raconte plusieurs histoires, la plupart du temps sans parole, et où le regard aime se promener. Mais le livre constitue aussi une véritable fable d’aujourd’hui, posant la question à la fois simple et compliquée de notre cohabitation avec la nature. Et peut-être même, plus largement, avec tout ce qui bouleverse nos habitudes bien rangées et nous semble un peu trop sauvage.