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Roman

«A quatre pattes» de Miranda July : chambre avec vue

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La narratrice de l’autrice américaine se réfugie dans une chambre d’hôtel pour tenter de refaire le monde et dépasser son rôle de femme bientôt ménopausée.
Miranda July en 2023. (Elizabeth Weinberg)
publié le 23 mai 2025 à 13h45

A quatre pattes de Miranda July est un de ces livres que l’on referme en ayant l’impression de voir le monde autrement, avec la sensation que tout est possible. Finaliste du National Book Award et traduit dans 24 pays, c’est le quatrième livre de l’Américaine, également réalisatrice et performeuse. Un personnage, dont la vie et l’œuvre ne font qu’un (son compte Instagram vaut le détour pour ses vidéos aussi délirantes qu’elle).

La narratrice, une femme approchant la cinquantaine, s’ennuie ferme dans son existence de desperate housewife d’une banlieue de Los Angeles. Terrifiée par les premiers symptômes de la ménopause, qu’elle associe à une tragique disparition de la libido, elle se laisse happer par un événement inattendu : un mot glissé sur le pas de sa porte par un voisin, signalant que «quelqu’un aurait pris des photos de l’intérieur de sa maison au téléobjectif». Loin de s’inquiéter, elle dit quelques pages plus loin qu’elle «espère cela depuis sa naissance».

Peu après, elle reçoit une somme d’argent conséquente pour avoir vu une de ses phrases reprise dans une publicité. Elle réserve aussitôt une chambre dans un hôtel chic à New York. Puis elle envoie par textos des photos d’elle nue à ses copines («on s’en envoie régulièrement, avec des photos de nos gosses et de nos animaux – une façon comme une autre de garder le contact»), se masturbe en attendant que le voisin Brian lui en dise davantage sur le type qui l’observe avec son téléobjec