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Roman

«Accords suspendus» de Helen Garner, mélodie en prime

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Le cahier Livres de Libédossier
Une comédie grinçante de l’autrice australienne qui démarre par des retrouvailles par hasard dans un aéroport.
Helen Garner. (James Darren )
publié le 30 mars 2025 à 15h48

Si Accords suspendus tenait de la musique, ce serait une fugue. Les personnages entrent en scène les uns après les autres, chacun jouant sa partition, l’ensemble culmine autour d’un repas cacophonique. Tout le monde parle, personne ne s’écoute.

«“On a un lapin en cage”, a dit Arthur.

“Je suis arrivé à notre premier concert, a dit Philip, et ils collaient de la Cellophane rouge sur les lumières. J’ai pensé : Oh non…”

“J’ai traversé des siècles de torture, a dit Elizabeth. […]”

“Elles ne coûtaient que vingt-cinq dollars, a dit Vicki, alors j’en ai acheté deux paires.”

Deux vieux amis d’études qui ne se sont pas vus depuis une vingtaine d’années se retrouvent par hasard à l’aéroport. Quadragénaires, ils ne peuvent s’empêcher de remarquer que l’âge a empesé leurs traits respectifs. Pour le reste, Dexter est toujours négligé d’apparence, pataud et sensible au premier degré. Elizabeth n’a pas perdu de sa répartie et de son esprit froid et cynique. Ni une ni deux, elle est invitée avec sa petite sœur de 17 ans Vicki chez Dexter Fox et sa femme Athena. Ils ont deux enfants, Arthur et William, un handicapé mental dont ils ne cachent pas qu’ils aimeraient bien se débarrasser. On ne fait pas dans les faux-semblants dans ce roman de l’Australienne Helen Garner. Les pensées hautes et basses des personnages ne mâchent pas leurs mots. Quand Elizabeth évoque sa mère à elle et à Vicki, morte d’un cancer, c’est sans appel : «Elle était le genre de personne qui