Aden ou la transparence de l’air s’ouvre sur une description biographique aussi brève, succincte et efficace que les premières pages de W ou le Souvenir d’enfance de Georges Perec. Ahmed, le père du narrateur, a vu sa mère mourir le 17 octobre 1961, lorsque entre 150 et 200 Algériens furent massacrés dans les rues de Paris. La propre mère d’Aden est pour sa part morte quand il avait le même âge, écrasée par un bus dans une rue de la capitale. Ces drames familiaux sont les plaies intérieures que le héros, vingtenaire sans le sou, entretient malgré lui en son for intérieur. Elles vont attirer l’attention d’un duende, ces «démons» qui «entrent par effraction» chez leurs victimes et leur font perdre la tête, comme le lui explique un chaman venu d’Amérique du Sud. Les malheurs du monde s’abattent dès lors sur lui : Amalia, sa petite amie, l’abandonne du jour au lendemain, puis il se fait tabasser par une bande de malfrats, se retrouve en hôpital psychiatrique et en sort incapable d’avoir une pensée ou phrase cohérentes. Tout cela, c’est l’œuvre de cette «Chose» sur lui. Le décor du roman est, en apparence, des plus banals. Des bars du nord de Paris, un kebab de quartier, le cimetière Saint-Vincent, le métro. Mais le monde visible n’est, comprend Aden, que la couche superficielle d’un réel qui est en fait sauvage, animé par des esprits, effrayant à certains égards. Le jeune peintre a la chance d’avoir reçu en héritage de sa mère un sens de l’obse
Roman
«Aden ou la transparence de l’air» d’Olmo : par démon et par vaux
Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
«Aden» séduit par le supplément d’âme qu’il offre au Paris des sans-papiers, des vendeurs de shit, des dézingués qui hantent la ville comme des fantômes. (Denis Sinyakov /AFP)
par Yann Perreau
publié le 22 mars 2025 à 12h25
Dans la même rubrique