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Roman

«Justin Coudures» d’Adrien Girault, enquête d’été

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Le cahier Livres de Libédossier
Le récit des vacances hors pistes d’un post-ado prolo.
«Poussez-vous, on arrive», ouvrez les caravanes, sortez les cubis et le barbeuc. (Getty Images)
publié le 30 décembre 2023 à 11h08

C’est le roman d’un été qui, tout de jaune vêtu, nous parvient en fin d’année, presque avec des airs d’hors saison. Puisqu’il s’assombrit graduellement en chemin et que les heures paraissent de plus en plus comptées pour ses personnages, on finira par le trouver tombé à point nommé : court, crépusculaire, mais aussi animé par un désir de réchauffement – des corps, des esprits. Et puis même en juillet-août, on y porte des polaires, des polaires trop grandes. «C’est ça la pauvreté, tu portes des slips rapiécés et des polaires immenses, et tu dois dire merci.» Il y a comme cela, dans cet ensemble séquencé, particulièrement efficace, des formules qui ramassent le propos et claquent à la lecture. A l’opposé, chez les riches : «Ça sent le meuble qui passe son temps à se faire astiquer.»

Nous voilà sur une île, «l’île», là où Justin (post-ado) et sa famille (mère et beau-père) passent les beaux jours. «Poussez-vous, on arrive», ouvrez les caravanes, sortez les cubis et le barbeuc. «Vite, ça parle football» chez les voisins. Brian, le fils, «me checke d’un air désolé» : il n’est pas passé joueur professionnel. Pascal sert des verres «épais comme des yaourts» et Marie-Pierre crie («D’un été à l’autre, j’oublie. Elle n’est pas en colère, c’est juste qu’elle crie au lieu de parler»). C’est Justin qui raconte, Justin Coudures («juste un coup dur», entend-on), les quelques semaines à tuer sur place, entre le boulot au supermarché