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Libération
Chronique «Comment ça s'écrit»

«Ah ! Jeunesse» : les bêtises exquises de Georges Courteline

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Le cahier Livres de Libédossier
Redécouverte de l’univers oublié du romancier et auteur de théâtre, pionnier de l’humour absurde.
L’humour courtelinesque a deux cibles préférentielles : l’armée et les fonctionnaires, corporation dont il fut membre avant d’être mis en disponibilité infinie (Ed. L'Arbre vengeur)
publié le 26 mars 2023 à 16h09

Une des joyeuses initiatives des éditions de l’Arbre vengeur, pour leurs vingt ans, est de publier le recueil Ah ! Jeunesse ! de Georges Courteline, initialement paru en 1894. Le romancier, conteur et auteur de théâtre, né Georges Victor Marcel Moinaux le 25 juin 1858 et mort le jour de ses 71 ans, n’est pas aujourd’hui à la crête de la vogue. Cette parution, dans la collection «l’Exhumérante» et avec des illustrations de Stéphane Trapier, répare donc une injustice contemporaine. L’éditeur a lui-même le bon ton pour présenter sa production. «Que la jeunesse est bête, entend-on parfois dans la bouche de vieillards auxquels l’aigreur n’enlève cependant pas toute perspicacité», lit-on en quatrième de couverture. Tandis que, sur le rabat, il est rappelé comme l’auteur «a donné une hilarante description des ridicules de son temps, au point qu’il en est né un adjectif (un peu long cependant pour être couramment utilisé)».

L’humour courtelinesque a deux cibles préférentielles : l’armée (l’auteur a fait son service militaire, comme les Gaîtés de l’escadron et le Train de 8 h 47 en portent la trace), et les fonctionnaires, corporation dont il fut membre avant d’être mis en disponibilité infinie. Ses pièces de théâtre, dont la brièveté ne concurrencera jamais Lorenzaccio ou les grands classiques, pourraient être vues comme des précurseuses du théâtre de l’absurde, si ce n’est que l’absurde est ici moins métaphysique que bureaucratique. La solen