Comment s’évader du réel par la littérature ? La question hante le dernier roman du journaliste et écrivain turc Ahmet Altan, Madame Hayat – récent lauréat du prix Femina étranger. Dans son précédent ouvrage non publié en Turquie, Je ne reverrai plus le monde, l’écrivain stambouliote narrait des fragments de son quotidien carcéral. Un an plus tard, il est revenu avec un roman flamboyant écrit entre les quatre murs d’une prison de haute sécurité. Fazil, jeune homme déclassé qui a trouvé refuge dans la littérature pour échapper à l’absurdité de l’existence, rencontre une femme d’âge mûr qui se rit de la vie comme de la mort et fait face à l’arbitraire, aux menaces et aux crises avec une désinvolture sublime. Madame Hayat est autant un grand roman d’amour qu’une fable sur la valeur de la liberté dans un monde où l’on enferme les poètes. Entretien avec Ahmet Altan, libéré de prison en avril dernier.
Quelle est la genèse de Madame Hayat ?
Quand j’étais en prison, je partageais ma cellule ave