Son dernier livre, Vallée du silicium, est un recueil de chroniques autour de la Silicon Valley, de l’impunité des Gafam à des propositions pour dépasser l’omniprésence technologique. Entretien avec Alain Damasio, de passage à Paris mi-avril.
Pourquoi serions-nous dans «l’ère de la machination» ?
L’expression dit la présence de la machine dans tous les instants de nos vies, du coucher au réveil. On a «machiné» notre monde. Le mot machiner joue aussi sur la notion de complot : derrière la technologie, il y a tout un travail sur le design de la dépendance, les biais cognitifs pour qu’on maximise notre temps sur les plateformes et toucher plus de pub. C’est une velléité totalement capitaliste, ce n’est même pas une théorie anthropologique mondiale. Il n’y a pas d’idéologie. Pour moi qui suis parti de la société de contrôle dans la Zone du dehors aux traces dans les Furtifs, on arrive là dans un régime qui n’a même plus besoin de pouvoir. On se crée soi-même sa servitude volontaire avec la panoplie d’applis déployée. Il y a donc une machination au sens où ce ne sont pas des outils émancipateurs et ils incitent à les utiliser toujours plus en jouant sur le désir de complétude, la boîte de skinner, la répétition /redistribution aléatoire, etc.
Baudrillard plane sur Vallée du sili